- Le capitaine Jean Danjou
- tableau réalisé d’après photo par le sergent Sméou
Son histoire – ce qu’on lui doit
Officier de la Légion Étrangère (française), le capitaine Danjou s’illustra en résistant, avec les 62 hommes dont il avait pris le commandement quelques heures auparavant, à une armée de plus de 2 000 mexicains lors de la bataille de Camerone (Mexique), le 30 avril 1863.
Capitaine – adjudant major [1] du 1er bataillon du Régiment Étranger, fraichement débarqué au Mexique en provenance d’Algérie, le capitaine Danjou avait pris le commandement de la 3e compagnie, qu’il avait contribué à faire désigner pour une mission de protection d’un convoi précieux, mais sans officiers disponibles.
Il s’était alors porté volontaire, rejoint en cela par deux autres officiers, les sous lieutenants Maudet et Vilain. La rencontre de la 3e compagnie et de l’armée mexicaine eut lieu tout à fait par hasard sur le site de l’hacienda de Camerone qui se trouva dès lors au centre d’un affrontement intense.
Le combat fut héroïque, la plupart des légionnaires y trouvèrent la mort, mais la mission fut remplie.
Napoléon III décida d’honorer les noms de Danjou, Maudet, et Vilain, en faisant graver en lettres d’or leurs noms sur les murs de l’hôtel national des Invalides.
Personne ne l’ayant fait, la Légion honora cet engagement… en 2012, sous le commandement du général Christophe de Saint Chamas (de la promotion général Rollet 1979-1981) !
Par ailleurs, toujours selon une décision de Napoléon III, le nom de CAMERONE est inscrit sur chacun des drapeaux et étendards des régiments de Légion.
Seule exception : par méconnaissance, ou oubli, le drapeau qui fut réalisé pour la 13e DBLE (à Londres, en mai 1941) ne portait pas cette inscription. Du coup, son chef (lieutenant-colonel Amilakvari) se fit remettre pour emblème, devant son régiment, à Homs le 19 octobre 1941, le drapeau qu’il avait fait confectionner par les dames françaises du Caire. Jusqu’à ce que le 1er emblème soit plus "convenable" !
Il semble que la première fois où ce combat fut "fêté" remonte à 1906, à l’initiative du lieutenant François, à Ta-Lung (Tonkin).
Toujours est-il que depuis 1931, chaque année, le 30 avril, où qu’elles soient, les unités de Légion célèbrent Camerone : le général Rollet, 1er "père légion" au sens que revêt depuis cette appellation, décida de rehausser le centenaire de la création de la Légion en faisant coïncider les cérémonies du centenaire, l’anniversaire du combat de Camerone, et l’inauguration du célèbre monument aux morts ("la boule", entourée de ses 4 légionnaires en armes), ramené en 1962 de Sidi Bel Abbès à Aubagne lors du transfert du régiment.
Seule exception à cette date du 30 avril : les contraintes opérationnelles qui ont pu faire varier de quelques jours, cette commémoration, afin de déjouer les pièges de l’adversaire.
Au cours de la cérémonie qui se déroule à la maison mère, à Sidi bel Abbès, berceau de la Légion, puis à Aubagne, depuis 1962, la Légion honore l’un des siens en lui faisant porter, telle une relique, la main du capitaine Danjou, le long de la voie sacrée, qu’il remonte jusqu’au monument aux morts.
Selon les années, et peut-être la vaillance de son porteur, ce dernier est accompagné par un, deux, ou encore plusieurs compagnons. Le porteur comme ses accompagnateurs, peuvent être en activité ou à la retraite, général comme simple légionnaire ou aumônier, valide ou invalide, blessé en opérations (aveugle, mutilé)…
Ce résumé serait incomplet si on omettait l’expression, devenue courante, "faire Camerone". Qui signifie : "combattre jusqu’au bout de ses possibilités, jusqu’à la mort si nécessaire, pour remplir la mission".
Sa vie
Né à Chalabre (Aude) le 15 avril 1828, Jean Danjou est le 4e d’une fratrie de 8 enfants.
Après des études sommaires à l’école primaire de Mirepoix, puis de Carcassonne, il travaille dès l’âge de quinze ans dans la fabrique de bonneterie de son père.
Sa vocation militaire est provoquée par la visite, en 1843, d’un ancien ouvrier de la fabrique familiale, le sous-lieutenant Canut, qu’il écoute raconter ses campagnes.
Il entre à Saint-Cyr en 1847.
Sous-lieutenant, il sert d’abord au 51e R.I, puis en 1852, au 2e Régiment de la Légion Étrangère, dans le Constantinois.
Il fait alors partie d’une équipe de topographes, chargée de dresser des cartes. Compte tenu de leur dispersion sur le terrain, ils communiquent entre eux en tirant des coups de fusil. Mais le 21 mai 1853, il perd la main par suite de l’explosion du canon de son fusil.
Il la remplace par une main articulée en bois.
Lieutenant le 23 décembre 1853, il prend part à la guerre de Crimée. Sa brillante conduite au siège de Sébastopol lui vaut d’être nommé capitaine le 9 juin 1955, et de recevoir la légion d’Honneur.
Il est nommé capitaine adjudant major (= adjoint au commandant de bataillon) le 18 septembre 1855.
Mis en non-activité par suite d’un "dégagement des cadres", le 16 avril 1856 il est rappelé au service 1 mois plus tard, le 26 mai 1856, et affecté au 26e d’infanterie, avant d’être de nouveau nommé, en 1857, au 2e régiment étranger.
Il participe alors à la campagne d’Italie, où il se distingue à Magenta et Solferino. En reconnaissance des services rendus, le Roi de Piémont le nomme chevalier de l’ordre militaire de Saint Maurice et Saint Lazare.
Il revient ensuite en Algérie, où il participe à la pacification de Sidi-Bel-Abbès.
Il embarque le 9 février 1863 avec le régiment comme capitaine adjudant major du 1er bataillon pour le Mexique, où ils débarquent le 28 mars.
Il sera le héros du combat de Camerone le 30 avril 1863 où il est tué.
Avec ses hommes, il y remplira parfaitement la mission qu’ils avaient reçue, et permettra au convoi qu’il devait protéger d’arriver sans encombre à destination.
Service au Maroc
La main articulée du capitaine Danjou fut retrouvée bien après les combats. Il existe deux versions :
elle est retrouvée en juillet 1865 par le lieutenant autrichien Karl Grübert chez le propriétaire français d’un ranch aux environs de Tesuitlan, à 100 km du lieu du combat. Celui-ci la tenait d’un guérillero ayant participé au combat. Le lieutenant Grübert la lui rachète pour 50 piastres.
Elle a été retrouvée lors de l’arrestation du général Ramirez qui la détenait.
Elle est ensuite rapportée à Sidi-Bel-Abbès en 1865 par le colonel Guilhem.
Depuis la réalisation du musée du souvenir le la Légion à Aubagne, la main est conservée dans la crypte, au milieu des drapeaux et étendards qui, "ayant fait leur temps", y sont gardés.
Pour le baptême de la promotion Capitaine Danjou, le père légion, le colonel Lestestu, autorisa le "prêt" de la main le temps de l’exposition temporaire consacrée à son parrain que fit la promotion au musée du souvenir de Saint-Cyr Coetquidan.
La main fut remise par le colonel Lestestu en personne au colonel Camus, chef du cour d’histoire militaire aux Écoles de Saint-Cyr Coetquidan, lui-même ancien officier de légion. Il la reçut, entouré des membres du "grand carré".
Sources :
- Képi blanc (1974)
- Service historique de la Légion étrangère (2014)
- Les drapeaux de la 13ème DBLE (PJLJ Arnault)
- "La Légion Étrangère : histoire et dictionnaire" (2013)
- Wikipédia (2014)
- Pascal-Jean OLIN de LONGUEUIL.(2013)